
Depuis plusieurs années,
Kolone mène des projets qui s’intéressent
à la visibilité des langues étrangères
dans l’espace public.
Les Chroniques de l’Accueil
Avec Fabrication Maison, collectif de graphistes et « passeurs d’images » du 19e arrondissement, Kolone a lancé en 2019 le projet Chroniques de l’Accueil, qui cherche à documenter l’hospitalité faite aux exilés dans des lieux singuliers qui leur sont dédiés :
-A Paris : la Maison des Réfugiés et le Centre Social et Culturel Rosa Parks
-A Chaumont, en Champagne : le CADA de France Terre d’Asile
À chaque étape, les personnes exilées sont invitées à signifier leur présence en rendant manifestes leur parole et leurs langues dans l’espace qu’ils fréquentent.
Notre démarche associe le graphisme à un travail d’écriture et de traduction collective, que nous affichons dans le lieu d’hospitalité. Les personnes étrangères qui collaborent au projet sont considérées comme auteurs et traducteurs et à ce titre touchent une rémunération en « droits d’auteur » pour leur contribution.
2021-2022 TRAVERSÉE, Le Signe, Centre National du Graphisme

Chaumont est pour les Chroniques une étape essentielle, car la question de l’accueil des migrants est trop souvent réduite à sa dimension francilienne. Nous souhaitons rendre sensible et visible ce qui se joue dans un territoire où le quotidien des personnes en exil est bien différent de ce qui se passe en région parisienne ou dans les zones de frontières comme les Alpes et le Calaisis.
Ici nous avons collaboré avec quatre auteurs résidents du CADA France Terre d’Asile de Chaumont et avec l’équipe des travailleurs sociaux qui nous a grand ouvert les portes de l’établissement pour deux séjours consécutifs, en décembre 2021 et en mars 2022.
Kolone a accueilli en mai-juin une stagiaire de l’école Garamont (Diplôme National des Métiers d’Art et du Design), Cydalie Huaux, qui a pris une part essentielle dans la réalisation de la restitution finale.
Traversée restitue en images et en mots l’hospitalité reçue et donnée à Chaumont, dans une scénographie composée de quatre installations, ouverte dans les espaces du Signe à l’occasion du 20e anniversaire du CADA le 18 juin 2022.
2020-2021 SIGNAL ETHIQUE, Centre Social et Culturel Rosa Parks, Paris 19e
Situé au 219 boulevard Mac Donald, le Centre a accueilli pendant cinq ans les cours de français de l’association.
Au cours de l’hiver 2018, un camp de personnes exilées sans abri s’est constitué à ses portes, grossissant au fil des mois jusqu’à rassembler des centaines de tentes. Le Centre a dû faire face en trouvant des réponses quotidiennes à la détresse des familles à la rue. Cet épisode fut à l’origine du chantier mené à Rosa Parks en 2020.
En chantier dès le début de l’hiver 2020-21, Signal Ethique est un long projet mené avec l’équipe du Centre en dépit des aléas de la crise sanitaire. Activités interrompues, public absent, c’est dans l’ambiance singulière des deuxième et troisième confinements que Fabrication Maison et Kolone ont construit un véritable parcours dans le Centre et ses abords, enfin achevé et inauguré en janvier 2022.
POURQUOI SE METTRE EN CHANTIER AU CENTRE ROSA-PARKS ?
Depuis l’installation d’industries puis de logements sociaux, il y a plus d’un siècle, ce territoire où nous sommes vit au rythme des migrations qui font la France : européennes d’abord, puis maghrébines et africaines et de plus en plus internationales désormais.
Même si une partie de ces migrations ont eu leur lot de traumatismes et que nous avons traversé récemment (en 2018) une période critique pour les migrants comme pour les riverains, la multiculturalité qu’a créée ce siècle de mélanges doit être une fierté pour le territoire, comme le traduit le choix d’une militante des droits civiques afro-américaine comme nom du nouveau quartier et de notre centre : Rosa Parks.
Mettre en avant la diversité de langues du territoire à travers un projet utile, positif, inclusif, esthétique, a pour but de valoriser cette histoire, cette particularité du nord est parisien. Si elle n’efface pas les difficultés quotidiennes des habitants confrontés à la misère de tant de personnes sans abris au pied de chez eux, la nouvelle signalétique du Centre offre un contre-discours, un regard sur la richesse que cette situation peut produire en dépit des difficultés : elle veut produire et manifester un signal éthique.
UNE CONSTELLATION DE FEMMES
Le centre social et culturel porte le nom de Rosa Parks mais chacune des salles polyvalentes et singulières qui s’ouvre le long du vaste couloir est nommée aussi d’après une figure féminine pionnière, qui s’est illustrée aux XIXe, XXe et XXIe siècles par son art, son engagement, son combat au sein de la société de son époque.
Courage, Justice, Liberté, Éducation, Droits des Femmes et des Minorités, Progrès social, Égalité, Amour, Europe… sont autant de valeurs et de notions que nous avons manifestées en signes et en couleurs symboles, avec 9 drapeaux conçus par des adolescents du Centre, et traduites, avec des personnes en exil, venues apprendre le français au Centre, en 5 langues étrangères parlées sur notre territoire : arabe, bangla, mandarin, persan, tigrigna.
Frida Kalho, Germaine Tillon, Simone Veil, Angela Davis, Marie Curie, Louise Michel, Barbara, Malala Yousafzai : toutes ont lutté contre l’adversité pour devenir ce qu’elles sont et porter haut des valeurs qui sont majeures aujourd’hui pour le Centre, solidaire et engagé dans un territoire pionnier, en constant devenir.
2019-2020 ÉCOUTE-MOI, Maison des Réfugiés
Première étape des Chroniques de l’Accueil : la Maison des Réfugiés
Les Chroniques de l’accueil ont eu comme camp de départ la Maison des réfugiés, lieu parisien de convergence des initiatives de solidarité envers les exilé.es ou initiées par eux-mêmes.
De janvier à mars 2020 les ateliers ont permis d’élaborer un premier manifeste, par cinq co-auteur.e.s, issus du Bangladesh, d’Erythrée, du Pakistan et du Soudan.
Ces ateliers ont été brutalement interrompus en mars par le coronavirus, mais il en est sorti deux installations graphiques, associant 6 langues étrangères (arabe, bangla, farsi, pachtou, tigrignia, urdu) et le français. Elles ont été affichées en juillet 2020 dans et hors les murs de la Maison des réfugiés, invitant pour quelques mois les passants à prêter l’oreille et accorder leur attention à des paroles qu’ils n’ont pas l’habitude d’écouter.
D’un monde à l’autre : Métamorphoses 2013-2017
Trois ans d’ateliers en résidence au Cinq https://www.104.fr/pratiquer/le-cinq.html , un établissement du CENTQUATRE -PARIS réservé aux pratiques artistiques amateurs des associations des 18e et 19e arrondissements
Les diverses restitutions des ateliers (exposition, film, performances, livre) ont toutes pour objet central la langue, quel que soit le media emprunté, écrit ou sonore. Chaque atelier a été conçu et animé en collaboration avec Jyotsna Liyanaratne la compagnie Souffle de Danse





Nous questionnons quelques figures de l’exil en s’attachant très concrètement au passage d’une langue à l’autre, où se jouent transformation de soi et glissement de l’identité. Donner à voir et à écouter des langues qui d’habitude n’entrent jamais dans les échanges avec les locuteurs français, déplacer le sentiment d’étrangeté et d’incompréhension, trouver un lieu incertain où les cultures communiquent, tels sont les objectifs du projet, restitué chaque année dans différents médias.
Retrouvez toutes les archives des ateliers sur le blog Métamorphoses
Sur le principe d’une libre participation et à partir de rencontres, les Ateliers Métamorphoses ont accueilli chaque année des personnes d’horizons divers, qui avaient en commun de n’être pas francophones, d’avoir grandi avec une autre langue maternelle, et des intervenants de compétences variées : plasticiens, graphistes, écrivains, vidéastes, musiciens, danseurs, comédiens. On s’est attaché à donner à la langue française un espace hors contrainte, ludique et rêveur où l’assimilation se fait davantage par l’émotion, les affects et le corps, à la recherche d’un lieu incertain où les cultures communiquent.
2015-2016 L’Abécédaire
Création d’un ouvrage collectif édité par Kolone en 2017 : En Français ! Un Abécédaire à l’usage du pays nouveau.
Les 14 auteurs / traducteurs viennent du Maroc, du Soudan, du Bangladesh, d’Afghanistan, d’Iran, de Chine, du Cambodge et du Sri Lanka.
Conception graphique et illustrations : Anastasia Gaspard
L’Abécédaire a donné lieu à une performance mise en scène par Soufian Khalil, jouée au Paris des Faubourgs, à la Bibliothèque Françoise Sagan et au Cinq.
Il est toujours possible de le commander en passant par nous ou par votre libraire! Plus d’informations ici.
Ce livre, imprimé à 1000 exemplaires, est un abécédaire dont chaque mot, de A à Z, a été choisi par les participants au fil des ateliers, de novembre à juillet, traduit au fur et à mesure dans leur langue maternelle, et illustré par une phrase écrite collectivement et traduite à son tour dans toutes les langues en présence : arabe, bangla, farsi, dari, ourdou, mandarin et tamoul. Un des enjeux de ce livre est de donner à lire et à voir des écritures qui ont rarement leur place dans l’édition française, et qui jamais n’ont l’occasion d’être associées dans un même ouvrage. Cette mise en commun des langues et des écritures est l’une des étapes de la construction d’une communauté accueillante.






L’Abécédaire de Kolone n’est pas thématique ni pédagogique. Il est un prétexte à se promener dans les langues. Ses illustrations, ce sont la langue elle-même : les lettres de l’alphabet latin revisitées par Anastasia Gaspard, et les systèmes d’écriture des auteurs, manuscrits par leur soin sur des banderoles de papier, scannées et reproduites dans le livre.
2014-2015 Deux expositions :
« Avec quel caractère écrivez-vous ? » & « L’aurore s’allume »



Avec quel caractère écrivez-vous ?
Réalisation d’une exposition sur les langues des participants, montrant la diversité des systèmes d’écriture en présence (Forum des Dynamiques du Territoire, Le 104)



L’aurore s’allume
En partenariat avec la Maison Victor Hugo : traduction, dessin, création d’une performance théâtrale avec musique et chant à partir d’un poème de Victor Hugo
2013-2014 Mon nom est personne
À partir d’un épisode de l’Odyssée : lecture et traduction en de multiples langues (tibétain, mandarin, tamoul, hindi, bengali, pachtou, soninké, persan, coréen, khmer, pidgin english, wolof, peul), créations graphiques et enregistrements audio, expositions, réalisation d’un film d’animation et captation d’une lecture accompagnée par des violonistes de l’Orchestre de Chambre de Paris. (Forum des Dynamiques du Territoire, Le 104)
Exposition des travaux de traduction et d’illustration au Forum des Dynamiques du Territoire, Le 104
Etranger, je vais te raconter une terrible histoire, captation de la lecture du 12 juin 2014 au Cinq, accompagnée par les violonistes de l’Orchestre de Chambre de Paris.
image : Ludovic Rivalan
prise de son : association Attelanes
Mon nom est Personne, un film d’animation de Claudine Bes et Julien Auger.