Qui sommes-nous ?
Fondée en 2011 par des personnes engagées bénévolement auprès d’une population exilée vivant dans les campements sur le canal Saint Martin, autour de la place Stalingrad et ailleurs dans le nord est de Paris, Kolone a continué au fil des années de proposer des cours de français aux nouveaux arrivants sur le territoire, quand la langue est le premier obstacle à la vie quotidienne.
Comment assimiler une langue aussi difficile que le français quand on vit dans l’incertitude et la précarité ? Comment ne pas se décourager quand on n’a pas fréquenté d’école depuis des années ? Comment se concentrer quand on est confronté à de multiples angoisses sur sa situation ou celle de ses proches ? Qu’on ne dort pas la nuit ? … L’incertitude du séjour est pour beaucoup le premier frein.
Nos réponses : confier la pédagogie à un enseignant professionnel, faire des cours qui durent toute l’année scolaire parce que les apprentissages sont très lents et que l’école socialise ; veiller dès la rentrée et tout au long de l’année à créer et maintenir des classes de niveau homogène en étant exigeant sur le positionnement linguistique ; proposer de passer des diplômes d’État (les DELF), c’est à dire essayer d’offrir les meilleures conditions d’apprentissage, les conditions d’une école. Tout en continuant d’accueillir les personnes de façon inconditionnelle, à peu près gratuite, la sélection ne se faisant que sur le linguistique (a minima, maîtriser l’alphabet latin).
Qui accueillons-nous ?
Kolone accompagne entre cinquante et soixante personnes par an sans condition de statut.
Traditionnellement les étudiants de Kolone sont des nouveaux arrivants ; encore cette année 2022 plus de 70% sont en France depuis moins de cinq ans. Ils viennent toujours de pays variés, et presque tous les continents sont représentés dans les groupes. Depuis peu, les femmes sont de plus en plus présentes et sont même devenues plus nombreuses que les hommes. La majorité d’entre elles et d’entre eux ont suivi une scolarité jusqu’au lycée ou des études supérieures dans leurs pays. Beaucoup ont fui leur pays et demandé l’asile en France, tous sont des exilés.


Les politiques d’asile et d’immigration sont structurellement liées et leur ouverture est l’unique voie pour sortir de l’impasse le droit d’asile et tous ceux chargés de le mettre en œuvre, assignés à l’impossible tâche de protéger l’asile contre ceux-là même qui le demandent. Non seulement la glorification du droit d’asile participe de sa clôture, mais l’asile sert aujourd’hui de caution à des politiques migratoires restrictives, tout en étant lui-même de plus en plus restreint. Ne pas croire (et laisser croire) en la dichotomie essentialiste et la hiérarchie des légitimités entre réfugiés et migrants constitue dès lors un impératif non seulement intellectuel mais aussi politique.
Karen Akoka , L’asile et l’exil, éditions La Découverte 2021
L’équipe
Le Conseil d’Administration de Kolone associe des bénéficiaires et anciens bénéficiaires des cours de français et des personnes issues de divers champs académiques et professionnels: linguistes, chercheurs en philosophie, sociologie, physique, acteurs de l’ESS, interprètes, conseiller numérique pour une collectivité territoriale… ; le vice-président de l’association est un réfugié sud-coréeen, étudiant de Kolone en 2012.
Ses membres sont ;
Suhel Ahmed, Conseiller numérique ; Cécile Canut, Sociolinguiste et Professeure des universités ; Nafisa Essa Adam, Sans profession ; Emmanuelle Gallienne, Responsable associative ; Filmon Ghebrezghaber, Interprète ; Catherine Henri, Professeure agrégée de français ; Yeda Lee, Téléconseiller ; Qodrat Nijati, commis de cuisine ; Manuel Ramos do Ó, Doctorant en littérature ; Anne Zribi-Hertz, Professeure émérite Laboratoire des Structures Formelles du Langage Université Paris 8/CNRS ; Cécile Cerutti, Formatrice CMA ; Sarah Courdesse, Chargée d’accompagnement social et professionnel ; Olivier Moreau, Consultant en marchés publics ; Amélie Arbeit, Réferente DLA ; Aicha Boudjemaia, Sans profession
Au printemps 2021, Kolone s’installe dans un nouveau local situé Boulevard d’Algérie dans le 19e, dans un quartier Politique de la Ville. Depuis lors, Kolone s’est intégrée dans le quartier et nous recevons plusieurs de ses résidents au sein de nos activités.
Le Bureau de l’association
Yeda Lee – Président d’honneur
Amélie Arbeit – Présidente
Filmon Ghebrezghaber – Secrétaire
Olivier Moreau – Trésorier
Nos projets artistiques
Pour les exilé.e.s, Kolone organise et anime des programmes artistiques, depuis sa création. Au cœur de ces projets ; des réflexions sur la langue et la parole ; et des actions qui luttent pour la visibilité des langues étrangères.
D’abord au Cinq dans le 104 Paris pour de multiple projets, c’est maintenant Les Chroniques de l’Accueil, projet nomade unique qui cherche à documenter l’hospitalité faite aux exilés dans des lieux singuliers qui leur sont dédiés. Bien plus d’informations sur tous nos projets sont présentes ici.
Un de nos projets phares, réalisé au Cinq, le livre ‘En français ! Un Abécédaire à l’usage du pays nouveau’ est toujours disponible à l’achat ! Découvrez le ici.
Nos partenaires principaux
Interventions et médias
Lacan Tv: de l’école de la cause freudienne
« Pourquoi Kolone s’appelle Kolone, et comment enseigne-on le français aux nouveaux arrivants ? Emmanuelle Gallienne sur Lacan TV, dans Champ-Contrechamp, Désir ou Dressage : qu’est-ce qui est de l’ordre du désir, qu’est-ce qui est de l’ordre du dressage, lorsqu’il s’agit d’apprendre une langue complètement étrangère et que l’on a tout quitté, ou tout perdu ? Apprendre dans ces circonstances – avec une visée d’intégration – comporte de fait une certaine violence et pourtant l’espace des cours, loin des guichets administratifs, peut paradoxalement rester un seuil hospitalier aux trébuchements de la langue. »
Kolone, histoire d’un nom
Dans l’antiquité grecque, Colone ou Kolone était un faubourg de la cité d’Athènes, un lieu paisible où les étrangers trouvaient accueil et protection avant que la cité ne leur donne l’hospitalité. C’est toute l’histoire de la dernière tragédie de Sophocle, Œdipe à Colone. Se tenir au seuil pour accueillir ceux qui viennent d’arriver, tel est l’engagement de l’association Kolone.